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La vérité sur le compostage : ce que vous pouvez y mettre pour des résultats incroyables

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La vérité sur le compostage : ce que vous pouvez y mettre pour des résultats incroyables

Le compostage, pratique ancestrale de recyclage des matières organiques, connaît un regain d’intérêt majeur. Avec la généralisation du tri des biodéchets à la source, imposée aux collectivités depuis le début de l’année, transformer ses épluchures en un amendement riche pour le sol n’est plus une simple initiative écologique, mais une composante essentielle de la gestion des déchets domestiques. Loin d’être une science complexe, le succès du compostage repose sur la compréhension de quelques principes fondamentaux. Maîtriser l’art de ce que l’on peut y déposer, et surtout ce qu’il faut en bannir, est la clé pour obtenir un « or noir » de qualité et éviter les désagréments comme les mauvaises odeurs ou l’attraction de nuisibles.

Comprendre les bases du compostage 

Le principe de la décomposition aérobie

Le compostage est un processus de transformation biologique qui se déroule en présence d’oxygène. Des milliards de micro-organismes, tels que des bactéries et des champignons, ainsi que des macro-organismes comme les vers de terre et certains insectes, travaillent de concert pour décomposer la matière organique. Pour que cette armée invisible soit efficace, elle a besoin de trois éléments vitaux : de la nourriture (les déchets), de l’air (oxygène) et de l’eau (humidité). Un bon compost est donc un écosystème en miniature où ces trois piliers sont constamment en équilibre.

Les différents types de composteurs

Le choix du composteur dépend principalement de l’espace dont on dispose et de la quantité de déchets à traiter. Il existe plusieurs solutions adaptées à chaque situation.

  • Le composteur en bac : Souvent en bois ou en plastique recyclé, il est idéal pour les jardins de taille moyenne. Il protège le compost des intempéries et conserve la chaleur, ce qui accélère la décomposition.
  • Le compostage en tas : C’est la méthode la plus simple pour les grands jardins. Elle consiste à empiler directement les déchets sur le sol. Bien que moins esthétique, elle permet de traiter de grands volumes de matières organiques.
  • Le lombricomposteur : Parfait pour les appartements et les balcons, il utilise des vers spécifiques (Eisenia fetida) pour décomposer les déchets de cuisine. Il produit à la fois un compost solide très riche et un engrais liquide appelé « lombrithé ».

Les acteurs de la transformation : les micro et macro-organismes

Sans ses ouvriers, le compost ne serait qu’un simple tas de déchets. Les premiers à intervenir sont les bactéries et les champignons, qui dégradent les matières tendres et provoquent une montée en température au cœur du tas. Ensuite, lorsque la température redescend, les macro-organismes prennent le relais. Les vers de terre, les cloportes ou encore les collemboles aèrent le mélange, fragmentent les déchets plus grossiers et enrichissent le compost final de leurs déjections. Leur présence est un excellent indicateur de la bonne santé de votre compost.

Une fois ces bases acquises, il est essentiel de savoir précisément quels ingrédients fournir à cet écosystème pour qu’il prospère et produise un amendement de qualité.

Les matières à privilégier pour un compost réussi

Les matières vertes : la source d’azote

Les matières vertes, aussi appelées matières humides ou azotées, sont le « carburant » du compost. Elles apportent l’azote nécessaire à la multiplication des micro-organismes et se décomposent rapidement, générant de la chaleur. Il est crucial d’en fournir une quantité suffisante pour lancer le processus.

  • Les épluchures de fruits et légumes
  • Le marc de café et les filtres en papier
  • Les sachets de thé (sans l’agrafe et le fil synthétique)
  • Les tontes de gazon fraîches (à ajouter en fines couches pour éviter qu’elles ne pourrissent)
  • Les fanes de légumes et les fleurs fanées

Les matières brunes : la source de carbone

Les matières brunes, ou matières sèches et carbonées, jouent un rôle structurel. Elles garantissent une bonne aération du tas, empêchent qu’il ne se compacte et absorbent l’excès d’humidité. Elles sont la source de carbone, l’élément constitutif de l’humus stable. Leur décomposition est beaucoup plus lente que celle des matières vertes.

  • Les feuilles mortes
  • Le broyat de branches et de tailles de haies
  • Le carton brun et le papier journal (non glacé, sans encre de couleur et en morceaux)
  • La paille, le foin et la sciure de bois non traité
  • Les boîtes d’œufs en carton

Les matières plus surprenantes mais compostables

Certains déchets, souvent oubliés, peuvent enrichir votre compost. Les coquilles d’œufs, une fois bien écrasées, apportent du calcium. Les cheveux, les poils d’animaux domestiques et les ongles sont riches en azote et se décomposent parfaitement. Les cendres de bois de cheminée peuvent être ajoutées en très petite quantité pour leur apport en potasse, mais un excès rendrait le compost trop alcalin. Le coton et la laine, s’ils sont 100 % naturels, sont également compostables.

Connaître les bons ingrédients est une chose, mais savoir ce qu’il faut absolument éviter en est une autre, tout aussi importante pour la réussite du processus.

Les erreurs à éviter dans le compostage

Les déchets à proscrire absolument

Certains déchets ne doivent jamais se retrouver dans un composteur domestique. Leur présence peut générer des odeurs nauséabondes, attirer des animaux indésirables comme les rongeurs, et propager des agents pathogènes. Une enquête récente de l’ADEME révélait que l’ajout de restes de repas carnés était l’une des erreurs les plus fréquentes.

Déchet à éviter Raison principale
Viande, poisson et os Attirent les nuisibles, dégagent de fortes odeurs de putréfaction.
Produits laitiers Provoquent des odeurs et attirent les animaux.
Huiles et graisses Ralentissent la décomposition, imperméabilisent les déchets.
Excréments d’animaux carnivores (chiens, chats) Risque de transmission de parasites et de maladies.
Matières synthétiques (plastique, polystyrène) Ne sont pas biodégradables.

Les « faux amis » du composteur

D’autres éléments, bien que biodégradables, sont à utiliser avec une extrême parcimonie. Les épluchures d’agrumes (citrons, oranges) peuvent acidifier le compost si elles sont en grande quantité. Le pain, bien que compostable, a tendance à attirer les rongeurs. Les plantes malades ou traitées chimiquement risquent de contaminer votre compost et, par la suite, votre jardin. Enfin, les mauvaises herbes montées en graines doivent être évitées, car les graines pourraient survivre au processus et germer dans votre potager.

Les erreurs de pratique courantes

Au-delà des intrants, la gestion même du composteur peut être source d’échecs. Un compost trop sec ne se décomposera pas, tandis qu’un compost trop humide pourrira et sentira mauvais. L’oubli de mélanger ou de brasser le tas est une autre erreur fréquente : sans aération, les micro-organismes aérobies meurent et sont remplacés par des bactéries anaérobies, responsables des odeurs d’ammoniac.

Ces erreurs sont souvent la conséquence directe d’un déséquilibre dans les apports, notamment entre les matières carbonées et azotées.

L’importance de l’équilibre carbone/azote

Le ratio C/N idéal : la clé du succès

Le secret d’un compost qui fonctionne bien réside dans le fameux ratio carbone/azote (C/N). Les micro-organismes ont besoin de ces deux éléments pour se développer : le carbone leur fournit l’énergie et l’azote leur permet de synthétiser des protéines. Le ratio idéal se situe aux alentours de 25 à 30 parts de carbone pour 1 part d’azote. En pratique, cela se traduit par un volume d’environ deux tiers de matières brunes pour un tiers de matières vertes. Cette proportion est une ligne directrice et non une science exacte, mais elle permet d’éviter la plupart des problèmes.

Que se passe-t-il en cas de déséquilibre ?

Un déséquilibre dans ce ratio entraîne des conséquences visibles et olfactives qui sont de bons indicateurs pour corriger le tir.

  • Excès d’azote (trop de matières vertes) : Le compost devient compact, visqueux, et dégage une forte odeur d’ammoniac. La décomposition se transforme en putréfaction.
  • Excès de carbone (trop de matières brunes) : Le compost reste sec, froid, et le processus de décomposition est extrêmement lent, voire à l’arrêt complet. Il ne se passe tout simplement rien.

Comment ajuster le ratio en cours de processus ?

Il est heureusement très simple de rectifier un déséquilibre. Si votre compost sent mauvais et est trop humide, il suffit d’y incorporer une bonne quantité de matières brunes (feuilles mortes, carton déchiqueté) et de le brasser pour l’aérer. À l’inverse, si votre tas est sec et inactif, ajoutez des matières vertes (tontes de gazon, épluchures) et arrosez-le légèrement si nécessaire avant de le mélanger.

Maintenir cet équilibre est fondamental, mais quelques gestes supplémentaires peuvent encore optimiser la qualité et la vitesse de production de votre compost.

Astuces pour améliorer la qualité de votre compost

Accélérer le processus de décomposition

Pour obtenir un compost mûr plus rapidement, plusieurs techniques ont fait leurs preuves. La première consiste à fragmenter les déchets. Plus les morceaux sont petits, plus la surface d’attaque pour les micro-organismes est grande. Passez les branches au broyeur et coupez les grosses épluchures. L’utilisation d’activateurs naturels comme l’ortie ou la consoude, riches en azote et en minéraux, peut également donner un coup de fouet au démarrage du processus. Il suffit d’en faire un purin ou de les incorporer directement dans le tas.

Gérer l’humidité et l’aération

Un bon compost doit être humide comme une éponge essorée. Le « test de la poignée » est un excellent moyen de le vérifier : prenez une poignée de compost et serrez-la. Si quelques gouttes perlent entre vos doigts, l’humidité est parfaite. Si de l’eau s’écoule, il est trop mouillé. S’il s’effrite, il est trop sec. Pour l’aération, un brassage régulier, toutes les une à deux semaines au début, puis tous les mois, est indispensable. Cela permet de décompacter le tas, de répartir l’humidité et de fournir l’oxygène nécessaire aux micro-organismes.

Utiliser le compost mûr à bon escient

On reconnaît un compost mûr à sa couleur brun foncé, sa texture fine et friable, et son agréable odeur de sous-bois. Il est alors prêt à être utilisé. Tamisé, il constitue un excellent substrat pour les semis et le rempotage. Incorporé aux premiers centimètres du sol au potager ou au pied des arbres et arbustes, il agit comme un amendement de fond, améliorant durablement la structure et la fertilité de la terre. Enfin, utilisé en paillage, il protège le sol, limite la pousse des herbes indésirables et nourrit les plantes en continu.

Au-delà de l’aspect purement technique, l’acte de composter s’inscrit dans une démarche globale aux retombées positives multiples.

Les bénéfices environnementaux et personnels du compostage

Un geste concret pour la planète

Composter ses biodéchets est l’une des actions les plus simples et les plus efficaces pour réduire son empreinte écologique. En France, les déchets organiques représentent encore près d’un tiers du contenu de nos poubelles d’ordures ménagères. En les compostant, on évite qu’ils ne finissent en décharge, où leur décomposition anaérobie produit du méthane, un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO2. On réduit également le recours à l’incinération, un processus coûteux et polluant. Le compostage s’inscrit ainsi parfaitement dans une logique d’économie circulaire, où le déchet d’aujourd’hui devient la ressource de demain.

L’or noir du jardinier : un sol plus fertile

Pour les jardiniers, les avantages sont encore plus directs. Le compost est un allié inestimable pour la santé du sol. Il améliore sa structure, le rendant plus facile à travailler et plus résistant à l’érosion. Il augmente sa capacité de rétention en eau, ce qui permet de réduire les besoins en arrosage. Surtout, il nourrit la vie du sol en apportant une grande diversité de micro-organismes bénéfiques et de nutriments essentiels, rendant les plantes plus vigoureuses et plus résistantes aux maladies. C’est une alternative 100 % naturelle et gratuite aux engrais chimiques.

Des avantages économiques et éducatifs

Adopter le compostage permet de réaliser des économies non négligeables sur l’achat de terreau, d’amendements et d’engrais. C’est également un formidable outil pédagogique pour les enfants, qui peuvent observer concrètement le cycle de la matière et comprendre l’importance de la réduction des déchets. Participer à ce processus est une source de satisfaction, celle de voir ses propres déchets se transformer en une matière riche et fertile, bouclant ainsi la boucle de manière vertueuse.

Le compostage est bien plus qu’une simple technique de jardinage ; c’est une philosophie de vie qui reconnecte au cycle naturel des choses. En maîtrisant les apports, en évitant les erreurs courantes et en comprenant l’importance de l’équilibre entre matières vertes et brunes, chacun peut produire un amendement de grande qualité. Les bénéfices sont multiples : réduction significative des déchets, amélioration de la fertilité des sols sans produits chimiques, et contribution active à la protection de l’environnement. C’est une démarche accessible et gratifiante, un pas concret vers un mode de vie plus durable.

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